Dans un rapport publié début juin, l’organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) met en garde face à la volonté de relocalisation de nombreuses productions, qui aurait des effets néfastes au niveau économique, mais aussi sur la résilience des chaînes de production.
L’OCDE est connue pour militer depuis sa création pour une libéralisation des échanges au niveau international, dans le but de favoriser la circulation des biens au sein d’une économie mondialisée.
La crise sanitaire liée à l’épidémie de la Covid 19, a permis de constater à quel point l’éclatement des chaînes de production a fragilisé la capacité de nombreux pays à être souverains sur la production de biens – masques, respirateurs, médicaments… -.
D’où la volonté de nombreux pays de relocaliser certaines productions et de réindustrialiser, afin de tirer les leçons de cet épisode sanitaire, auquel a succédé la guerre en Ukraine, qui a contraint les Européens à prendre conscience de leur dépendance au gaz russe. Aujourd’hui, le conflit entre la Russie et l’Ukraine est toujours en cours, et l’élection de Donald Trump aux Etats-Unis est venue ajouter une dose supplémentaire d’incertitude au niveau international, argument supplémentaire pour, autant que possible, gagner en autonomie et être souverain sur des chaînes de production ciblées.
Si on reste sur le cas tricolore, de nombreuses initiatives ont été mises en branle pour gagner en souveraineté sur de nombreuses productions : médicaments, batteries, puces électroniques, énergie… Les plans comme France Relance et France 2030 alimentent financièrement et structurent cette volonté. Car la relocalisation des productions coûte cher et ne se révèle viable que si elle est soutenue, au moins dans un premier temps.
Privilégier l’agilité à la fermeture
Cette volonté de relocalisation et les investissements et soutiens massifs pour accompagner ces processus industriels pourraient, c’est ce que fait ressortir un rapport de l’OCDE publié début juin, avoir des impacts très négatifs sur l’économie mondiale. Ainsi, l’organisation table sur un recul potentiel du commerce mondial de près de 18%, et sur un baisse du PIB mondial de plus de 5%. Des chiffres prévisibles, pas forcément quantitativement mais tendanciellement : en effet, la relocalisation implique forcément un repli commercial sur le territoire national, et la suspension d’importations afin de favoriser l’émergence d’acteurs locaux.
Dans le cadre de son rapport, l’OCDE cible les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Corée du Sud, et dans une moindre mesure le Canada, l’Afrique du Sud et l’Australie comme principaux “perdants”, économiquement parlant, d’un scénario de relocalisation massif.
L’hexagone, qui possède des industries fortement intégrées, n’est pas citée comme victime principale, et présente un risque économique “modéré” face à une relocalisation au niveau mondial.
Plus intéressant, le rapport tend à montrer que l’atteinte d’une plus grande résilience face aux crises, grâce à la relocalisation des productions, ne va pas de soi. Au contraire, « la volatilité du PIB augmente dans plus de la moitié des économies modélisées, ce qui met à mal l’idée que la relocalisation est intrinsèquement source de stabilité ».
D’où des recommandations qui s’appuient plus sur l’agilité que sur le repli sur soi : « Le rapport souligne que pour assurer la résilience, il ne faut pas éliminer les risques mais savoir les gérer. Les chaînes d’approvisionnement les plus efficaces sont les chaînes agiles (capables de réagir rapidement), adaptables (capables d’évoluer), et alignées (sur les intérêts communs des entreprises, pouvoirs publics et parties prenantes). Ces qualités sont essentielles pour faire face aux perturbations sans s’extraire du commerce international ».
Plus concrètement, l’OCDE insiste sur la nécessité de fluidifier les formalité douanières pour accélérer les échanges, d’être plus transparent au niveau de la réglementation afin d’aider les entreprises à anticiper les changements, et d’harmoniser les normes, afin de réduire les risques de rupture dans les chaînes d’approvisionnement.
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