Concurrence : le superviseur allemand accuse Amazon de brider les prix des vendeurs tiers

Le gendarme allemand de la concurrence a reproché lundi à Amazon d’entraver la liberté de fixation des prix des vendeurs tiers sur sa plateforme, ouvrant la voie à de possibles sanctions pour la plateforme américaine.

Le géant de la tech capte environ 60% du chiffre d’affaires du commerce en ligne de biens en Allemagne, ce qui lui confère un pouvoir certain sur les mécanismes de contrôle des prix.

Etant donné qu’Amazon est en concurrence directe avec d’autres vendeurs tiers sur sa plateforme, « toute influence sur la formation des prix, y compris sous la forme de plafonds tarifaires, est problématique d’un point de vue concurrentiel », a déclaré Andreas Mundt, président de l’Office fédéral des cartels (BKA), dans un communiqué.

En particulier lorsque « les vendeurs ne peuvent plus couvrir leurs propres coûts et que la plateforme est utilisée pour entraver, en violation du droit de la concurrence, le reste du commerce en ligne », selon M. Mundt.

Le BKA reproche à Amazon d’appliquer de manière opaque, via des algorithmes, des plafonds de prix « dynamiques » aux vendeurs tiers et sans respecter la liberté tarifaire.

Lorsque certains seuils de prix sont dépassés, les produits concernés peuvent être déréférencés, relégués dans les résultats de recherche, voire exclus de la précieuse boîte d’achat (« Buy Box ») qui permet aux vendeurs d’avoir de la visibilité.

Amazon dispose désormais d’un délai non précisé à ce stade pour répondre aux accusations du BKA, qui pourrait concrètement lui demander de suspendre ou modifier ce contrôle des prix.

Le géant américain rétorque que ses contrôles sur les prix sont « conçus pour que les clients puissent faire confiance à notre boutique », selon une porte-parole.

Ces clients « savent qu’ils y trouveront les meilleures offres en fonction du prix, de la disponibilité et de la rapidité de livraison – c’est précisément pour cela qu’ils reviennent », ajoute-t-elle.

Amazon, qui compte 47.500 partenaires de vente en Allemagne, ne veut « pas mettre en avant des prix non compétitifs », ajoute cette source.

L’Office allemand avait placé en juillet 2022 Amazon sous surveillance renforcée en raison de sa position primordiale pour la concurrence.

Cette classification, également décidée à l’encontre d’Alphabet, la maison mère de Google, de Meta, qui gère Facebook, et d’Apple, permet au superviseur de prendre des mesures contre des pratiques anticoncurrentielles spécifiques.

L’Allemagne réfléchit par ailleurs à introduire une taxe sur les revenus publicitaires des géants du numérique, dont les recettes seraient reversées au secteur médiatique allemand.

jpl/kas/spi