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Compétitivité de l'industrie européenne : l'union fait la force ?

Publié en avril 2025

L’Europe fait aujourd’hui face à une situation d’une grande complexité, qui rend l’évaluation de sa situation industrielle hautement compliquée. Le vieux continent travaille au développement de filières industrielles - hydrogène, véhicules électriques, spatial, micro-nucléaire… - destinées à être compétitives au niveau international, mais cette équation se complique depuis : le COVID, la guerre en Ukraine, l’élection de Donald Trump… Ainsi, face à la montée des tensions géopolitiques, aux ambitions industrielles de la Chine et des États-Unis, et aux impératifs de transition écologique, l’Europe doit repenser son modèle industriel pour gagner en compétitivité. Cela passe par une stratégie structurée et commune, ce que l’Europe n’a jamais réussi à mettre en place, mais la situation actuelle pourrait remédier à cela.

D’abord, L’Europe doit soutenir activement le développement et la souveraineté sur les filières industrielles clés : batteries, semi-conducteurs, hydrogène, défense, intelligence artificielle, et biomédical. Ces secteurs sont au cœur des transitions technologiques et écologiques à venir. A cette fin, l’Union européenne a mis en œuvre les fameux Projets Importants d’Intérêt Européen Commun (PIIEC), permettant de mutualiser les financements et de renforcer la coopération entre États membres. Il s’agit également d’accélérer les relocalisations industrielles pour réduire la dépendance à l’étranger, notamment en matière de composants critiques et de matières premières.

Vient ensuite le problème du coût de l’énergie, qui vient impacter très directement la compétitivité du vieux continent. Sur ce point la situation française est particulière, étant donné la stratégie nucléaire développée par le pays, par rapport à ce qui se pratique dans les autres États de l’UE. Quoi qu’il en soit, il apparaît aujourd’hui crucial de réformer le marché européen de l’électricité pour qu’il reflète mieux les coûts réels de production et protège les industriels de la volatilité.

Ces évolutions ont un objectif commun : permettre à l’Europe de retrouver une dynamique d’innovation industrielle. Cela implique également de renforcer les investissements en R&D, en particulier dans les deep techs - comme l’intelligence artificielle - et les technologies propres.

Les gains de compétitivité attendus ne sont pas qu’une question de coût de l’énergie et de stratégie industrielle. On l’a vu récemment avec les sorties du président américain Donald Trump, il devient vital pour l’Europe de se doter d’une stratégie commerciale commune et adaptée aux enjeux actuels. Cela passe par l’instauration de mécanismes de réciprocité dans les marchés publics, par l’ajustement carbone aux frontières pour éviter les délocalisations polluantes, et par la lutte contre les pratiques de dumping. L’UE doit aussi sécuriser ses approvisionnements en matières premières critiques en nouant des partenariats avec des pays tiers et en diversifiant ses sources. Vaste programme.

Enfin, il ne faut pas négliger le nécessaire développement des compétences sur le territoire européen, en particulier sur les technologies émergentes, condition sine qua non à la réindustrialisation sur le long terme. L’Europe doit adapter ses systèmes de formation aux métiers de l’industrie verte et numérique, encourager la formation continue, attirer les talents étrangers et améliorer la mobilité des travailleurs au sein de l’Union. Il s’agit aussi de revaloriser les métiers industriels et techniques, qui souffrent d’une image très dégradée depuis plusieurs décennies. 

Enfin, une gouvernance industrielle européenne renforcée est essentielle. Il faut harmoniser les règles entre pays, simplifier l’accès aux aides d’État pour les projets stratégiques, éviter la concurrence intra-européenne néfaste, et donner une vraie impulsion politique à l’échelle du continent.
Comme on le voit, le chemin pour l’Europe vers une souveraineté industrielle est long et sinueux, mais cela n’est pas nouveau. Ce qui l’est aujourd’hui, c’est la certitude, de plus en plus évidente, que ce chemin est la seule planche de salut pour le vieux continent.

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